Il me tenait à cœur d'écrire quelques lignes sur les maltraitances, puisque c'est un sujet douloureux, un sujet qui touche, un sujet dont on parle beaucoup, de plus en plus, même si les victimes ont souvent du mal à parler justement.
Les actes de maltraitances font partie des sociétés depuis très longtemps. Néanmoins, le Conseil de l’Europe ne donne une définition de la maltraitance que dans l'année 1987 :
« Tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un de ses membres, lequel porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d’un autre membre de la famille ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière. »
Les maltraitances se rapportaient donc à ce moment là uniquement à des violences intra-familiales. De plus, cette définition survient dans le contexte de l'enfance et se rapporte dans ce premier temps à des enfants victimes de violences physiques avérées et présentant diverses traces de sévices (hématomes, fractures, brûlures).
Par la suite seront ajoutées à cela ce que l'on nomme les négligences, les carences de soins ayant des répercussions sur le développement physique, psychomoteur, sur la croissance de l'enfant.
La notion s'élargit également à tout un ensemble de violences psychologiques telles que la dévalorisation, le harcèlement, les privations affectives, etc.
Dans un rapport sur La protection des adultes et enfants handicapés contre les abus (2002), un groupe de travail du Conseil de l'Europe définit ainsi la maltraitance :
« Tout acte, ou omission, qui a pour effet de porter gravement atteinte, que ce soit de manière volontaire ou involontaire, aux droits fondamentaux, aux libertés civiles, à l'intégrité corporelle, à la dignité ou au bien-être général d'une personne vulnérable, y compris les relations sexuelles ou les opérations financières auxquelles elle ne consent ou ne peut consentir valablement, ou qui visent délibérément à l'exploiter ».
Six formes d'abus ont ainsi été identifiées :
- La violence physique (châtiments corporels, incarcération, surmédication, expérimentation médicale sans consentement)
- Les abus et l'exploitation sexuels (viol, agressions sexuelles, attentats à la pudeur, embrigadement dans la pornographie et la prostitution)
- Les menaces et les préjudices psychologiques (insultes, intimidation, harcèlement, humiliations, menaces de sanctions ou d'abandon, chantage affectif, infantilisation)
- Les interventions portant atteinte à l'intégrité de la personne
- Les abus financiers, les fraudes et les vols d'effets personnels, d'argent ou de biens divers
- Les négligences, les abandons et les privations, d'ordre matériel ou affectif (notamment le manque répété de soins de santé, les prises de risques inconsidérées, la privation de nourriture, de boissons ou d'autres produits d'usage journalier).
Si l’on peut catégoriser des « types » de maltraitances, on ne peut pas parler d’une population qui soit plus maltraitées qu’une autre. Je m’explique : effectivement les enfants se trouvent plus vulnérables, tout comme les personnes âgées, plus vulnérables et plus exposées aux maltraitances de tout type.
Il n’est pas facile pour un enfant de dénoncer un acte de maltraitance. Les sentiments de honte et de culpabilité étant en général très présents.
Pour les personnes âgées, leur état physique et psychique étant souvent diminués, elles sont plus exposées aux maltraitances.
Cependant, toute personne peut, à un moment de sa vie, être touchée par des comportements maltraitants, des paroles maltraitantes. J’en observe de nombreux exemples tous les jours dans mon travail : des personnes qui sont harcelées au travail, des jeunes harcelés à l’école, des femmes mais aussi des hommes maltraités par le conjoint ou la conjointe, des adultes encore sous l’emprise psychique de leur parents, etc…
Il n’est donc pas forcément plus simple de se défaire d’une situation de maltraitance à l'âge adulte. Cela s’explique notamment par ce que l’on nomme « l’emprise » psychologique qui s’installe entre l’agresseur et sa victime. Pour en avoir un aperçu, un film qui s’appelle justement « L’emprise » sorti en 2014, retrace le parcours d’Alexandra Lange, une femme maltraitée par son compagnon pendant près de 14ans. http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=231396.html
Le film "Mon Roi", sorti en 2015, est également un exemple d'emprise psychique. http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=226416.html
D'ans l'histoire d'Alexandra Lange, il s’agit d’un exemple extrême. Mais la maltraitance est parfois très insidieuse, elle peut rester une maltraitance psychologique, diffuse, latente, mais ne fait pas pour autant moins de dégât chez la victime. A force de harcèlement moral, de dévalorisations, d’humiliations, la personne peut perdre toute confiance en elle, tout désir est alors anéanti et il n’y a parfois qu’une seule porte de sortie : le suicide…
Il s’agit donc de situations souvent dramatiques. Néanmoins, d’autres portes sont possibles et c’est en cela qu’un psychologue peut notamment vous aider. Pour la réouverture de possibles…