L'addiction à la pratique sportive
Décrite pour la première fois par Baeckeland en 1970, l’addiction au sport est rapidement reprise par Glasser en 1976 qu’il nomme « addiction positive des coureurs » en référence aux bénéfices que le sport procure. De plus, les personnes atteintes de ce que l'on nomme parfois "bigorexie" sont souvent perçues par eux-mêmes et dans l'environnement sportif comme étant les plus performants et en parfaite santé physique.
Le concept d’addiction positive, est donc créé en 1976 par le Dr William Glasser (Glasser, 1985). A partir d'observations, il décrit ce processus comme étant la poursuite d’une activité physique (initialement la course à pied, mais par extrapolation on peut inclure la plupart des pratiques sportives), qui se transforme en addiction par dépassement d’un effet seuil d’ennui, de fatigue, de lassitude.
Parmi les facteurs qui renforcent le côté « addictogène » de la pratique sportive on retrouve :
- La libération de l’endorphine
- Le bien-être lié à cette libération (phénomène souvent décrit chez les coureurs de fond et les marathoniens),
- L’augmentation de l'estime de soi (prise de conscience de ses capacités physiques et d’endurance)
- Le constat des modifications corporelles qui implique aussi la description d’une composante dysmorphophobique (trouble de l'image de soi), notament récurrente chez les body-builders.
- L’apparition ou le développement d’une véritable compulsion.
On retrouve également des changements majeurs dans la vie quotidienne :
- Vestimentaires,
- Alimentaires,
- Dans le mode de vie
- Dans les loisirs (qui deviennent quasiment liés à la pratique sportive – fréquentation des manifestations sportives, des salons)
- Le choix d’un partenaire souvent issu du même milieu
- L’entraînement devient un véritable rituel pour le sportif, toute sa journée est organisée autour de l’entraînement
Le concept d’addiction à l’exercice est en lien avec un contexte actuel de l'importance de l’image corporelle et du « culte de la performance » (Ehrenberg, 1991). Les Anglo-Saxons décrivent même un « complexe d’Adonis » (notamment chez de nombreux joggers ou body-builders) caractérisé entre autres par :
- Un haut degré de pratique sportive
- Des préoccupations fréquentes liées à l’image de soi
- soins du visage et du corps de manière excessive,
- des choix vestimentaires valorisants,
- se regarder dans la glace sans cesse à la recherche de la moindre imperfection et la panique qui découle de la découverte d’un tel signe inquiétant...).
Pour une partie de sportifs de haut niveau, le sport serait utilisé de la même manière qu’un stupéfiant comme remède à une souffrance corporelle ou psychique. Ainsi, le sport, pratiqué au quotidien de manière répétitive, empêcherait « la pensée douloureuse » et l’anesthésierait comme peut le faire l’héroïne.
Dans le cas, par exemple, des body-builders on retrouve une :
- Fixation au niveau d’une recherche de sensations
- Valorisation des états douloureux conséquences de la contraction musculaire répétitive
Running Addiction Scale (addiction à la course à pied)
- Je cours très souvent et régulièrement. (+ 1)
- Si le temps est froid, trop chaud, s’il y a du vent, je ne cours pas. (- 1)
- Je n’annule pas mes activités avec les amis pour courir. (- 1)
- J’ai arrêté de courir pendant au moins une semaine pour des raisons autres que des blessures. (- 1)
- Je cours même quand j’ai très mal. (+ 1)
- Je n’ai jamais dépensé d’argent pour courir, pour acheter des livres sur la course, pour m’équiper. (- 1)
- Si je trouvais une autre façon de rester en forme physique je ne courrais pas. (- 1)
- Après une course je me sens mieux. (+ 1)
- Je continuerais de courir même si j’étais blessé. (-1)
- Certains jours, même si je n’ai pas le temps, je vais courir. (+ 1)
- J’ai besoin de courir au moins une fois par jour. (+ 1)
Critères de dépendance au body-building
- Je m’entraîne même quand je suis malade ou grippé.
- Il m’est arrivé de continuer l’entraînement malgré une blessure.
- Je ne raterais jamais une séance d’entraînement, même si je ne me sens pas en forme.
- Je me sens coupable si je rate une séance d’entraînement.
- Si je rate une séance, j’ai l’impression que ma masse musculaire se réduit.
- Ma famille et/ou mes amis se plaignent du temps que je passe à l’entraînement.
- Le body-building a complètement changé mon style de vie.
- J’organise mes activités professionnelles en fonction de mon entraînement.
- Si je dois choisir entre m’entraîner et travailler, je choisis toujours l’entraînement.