Le consentement sexuel / La culture du viol.
Voici l'extrait d'un article du Dr Muriel Salmona, psychiatre et psychotraumatologue, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, qui vous aidera à mieux comprendre ce qu'est la culture du viol.
" Dans ce système où règne la culture du viol, si la victime ne s'est pas défendue, n'a pas crié parce qu’elle était paralysée, c'est qu'elle était consentante. Si la victime n'est pas capable de se rappeler précisément la date, l'heure, la configuration des lieux (ce qui est habituel lors des traumas), c'est qu'elle ment. Si la victime n'a pas parlé aussitôt parce qu'elle était menacée, par peur de ne pas être crue ou d'être rejetée, par honte, pour protéger sa famille ou parce qu'elle était trop dissociée, incapable de réaliser ce qui lui était arrivé, c'est qu'elle invente. Si la victime, qui était sous emprise, a continué à voir ou à vivre avec l'agresseur, c'est bien la preuve qu'elle voulait ces actes sexuels et qu’elle aimait ça. Si la victime est un enfant, une personne handicapée ou malade mentale, sa parole n'a pas de valeur. Si la victime est une personne prostituée ou considérée comme de « mauvaise vie », elle n'a pas pu être violée, elle était forcément consentante. Si la victime était séduisante, « trop courtvêtue », « trop décolletée », c'est elle qui a provoqué le viol, elle l’a bien cherché. Si la victime est âgée ou si elle est considérée comme trop moche ou trop grosse, elle n'a pas pu être violée, personne n'a pu « vouloir d'elle ».
La victime de viol serait donc toujours coupable ! Par bétise, méchanceté, vengeance ou vénalité, pour se rendre intéressante, parce qu'elle n'assume pas d’avoir eu des rapports sexuels ?… Et les rares victimes de viol qui arrivent à porter plainte seraient très majoritairement des menteuses et ceux ou celles qu'elles accusent des innocents ? Où sont -ils alors tous les violeurs responsables des chiffres effarants de viols chaque année : 84000 femmes adultes et 124 000 mineures, 16 000 hommes adultes et 30 000 mineurs soit 256 000 (INSEE-ONDRP, 2014 - 2012 et CSF, 2008) ?
Et même si l’agression ou le viol sont avérés, et que la victime ne peut pas être considérée comme menteuse, elle est malgré tout fautive : de s'être exposée, d'avoir provoqué, de l'avoir cherché, d'être celle par qui le scandale arrive, d'être celle qui détruit tout, qui n'est pas capable de se relever, de tourner la page, de pardonner, d'aller mieux… Qu'elle soit reconnue ou non comme victime de viol, pour ses détracteurs elle est de toute façon porteuse d'une faute morale. Cela justifie l’absence cruelle de solidarité envers elle, et toutes les maltraitances et l'abandon qu’elle subit, elle ne vaut pas grand-chose… Tout ce système est efficace pour imposer le silence aux victimes qui n'ont d'autre solution que de s'autocensurer pour ne pas être exclues ! "
L'article entier : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2016article-deni-culture-du-viol.pdf
Les chiffres concernant les agressions sexuels et/ou les viols en France sont de plus en plus alarmants. Pour rappeler ce qu'est le consentement sexuel, voici une petite video qui utilise la métaphore d'une tasse de thé.